LA PIÚ GRANDE
ANTOLOGIA VIRTUALE
DELLA POESIA ITALIANA
Poeti contemporanei affermati, emergenti ed esordienti
Poesie di Francesco Alberto Giunta
- LOUVAIN 1948
- Je pense souvent à mon départ de Catane
- J'étais plein de jeunesse et de fougue
- Et mon esprit courait vers de nouvelles formes de vie
- Encore ignorées dans mon île.
- Un copain d'études partageait mes rêves,
- grand, mince, pâle,
- ivre d'une grande soif de savoir
- et d'une robuste faim de tout,
- sauf de raisins. Il s'en nourrissait tous les jours.
- Il fut le seul, pendant un grand nombre d'années,
- a m'encourager à résister
- aux brouillards du Nord, aux inimitiés de ces gens.
- Le départ rendit encore plus lointain
- du reste du monde, vers lequel nous allions,
- ce Sud passionnant et immobile.
- Maintenant où es-tu mon ami ?
- Homme de lettres ou écrivain
- sous quels cieux, en quels pays ?
- te souvient-tu encore de ce si doux vieux temps
- de nos voyages simples et vagabonds ?
- Vers Louvain, en pays flamand ?
- Songes-tu encore, cher ami,
- à ces jours lointains,
- es-tu resté fidèle à tes feuilles blanches, à tes écrits ?
- Pour moi je tombe dans l'avenir
- avec la force de mon dur passé
- d'émigrant de la pensée.
- A MAURICE PRIGNIEL
- Pour vous je ne sais comment commencer
- tellement notre rencontre a été fortuite
- dans le simple et silencieux restaurant de Séville.
- C'était le printemps, et l'air tout autour
- était parfumé. Le soleil venait de disparaître,
- et cela nous rendait comme fous
- de paix et de mystère.
- Loulou et moi, je m'en souviens encore,
- avions découvert le lieu qui se cachait
- derrière le dédale de las Sierpes, avec l'intention
- d'y rester seuls dans un abandon muet.
- Mais vous êtes venu à notre aide
- dans un espagnol si parfait,
- rectifiant les demandes qu'en vain
- nous faisions à notre hôte.
- Toute la nuit nous avons parlé
- votre chère et douce langue.
- Je me rappelle encore avec quelle distinction
- vous vous êtes approché
- après avoir promptement achevé de dîner.
- Nous avons appris que depuis des années
- vous aviez laissé l'enseignement
- et votre école parisienne,
- que vous viviez à présent des joies
- et du doux soleil d'Espagne,
- que vous étiez seul depuis toujours,
- depuis mille ans peut-être, et que vous aviez enseigné
- l'art, les lettres, le beau et que vous étiez
- un vieux chevalier héroïque
- des temps passés.
- Le soir vint ; la nuit,
- que la lune rendait plus tendre encore,
- nous écoutions les chants tristes des flamencos
- qui dans l'air de la fête montaient comme des flèches
- Leurs cris aigus remplissaient notre monde et vous,
- professeur antique et sage, vous saviez que nous étions
- déjà prisonniers de leur charme.
- Nous nous sommes revus, je dirais toujours,
- le jour e la nuit, pour admirer ensemble
- la couleur, et l'art, et toutes les choses
- dont nous ne nous rassasions plus.
- Rapides, nous engloutissions l'espace et le temps.
- Les villages éblouissants de blancheur,
- nous apparaissaient comme de mystérieux soleils
- qui scintillaient au lion.
- Et après Italica l'antique, avec son empereur
- toujours présent,
- nous avons découvert les autres chemins de l'Andalousie.
- Ou soir rempli d'étoiles, ce vieux bourg étonnant
- de Carmona nous ravit.
- La lune se cachaitÖ
- Cher vieil ami des temps passés
- notre séparation ne fut
- ni un adieu, ni un salut,
- à peine un au revoir.
- Maintenant me voici
- riche d'idées et de soucis,
- et je fouille dans ma pensée
- pour y revivre les meilleurs souvenirs
- des jours envolés.
- Ce n'est pas à la recherche de mon passé,
- ni du souvenirs de notre rencontre, si bonne,
- c'est seulement pour vous dire merci,
- que je reviens vers vous avec ces simples mots.
- PARIS D'HIER ET DE TOUJOURS
Paris que j'ai connu jadis était assez différent d'aujourd'hui même si vivent encore les kermesses les music-halls et les gens spéciaux; à jamais son âme est perdue. Dans l'air sombre et frais du matin ou du crépuscule un accordéon triste et rauque résonne faussement près du métro qui engloutit des milliers d'enragés. Au café concert ou au Cabaret personne ne rit plus, les chansonnier essaient vainement de pincer les clients pour qu'ils ne meurent pas d'ennui. La vieille Tour Eiffel s'estompe devant les nouvelles tours hardies et étranges elle est vide et sans avenir, elle a eu son heure de gloire quand elle représentait la France. A Pigalle, Montmartre ou Clichy à Ménilmontant ou au Bois la ronde des professionnelles de l'amour n'a plus ce charme ancien ces promesses cachées ; tout est offert d'avance! Je ne vois plus, de ma maison de Montmartre dominant la petit place du Calvaire, ton étendue, ô vieux Paris, et vainement j'ai cherché mes copains Place du Tertre ou sur les vieux marchés. A l'ancien « Cabaret des Assassin » où je passais mes longues nuits, l'ambiance n'est plus la même les désargentés le fréquentent encore, mais leurs discours sont pleins de mystère. Je retourne maintes fois admirer, muet et triste, la Place des Vosges et ses vieilles demeures en rêvant aux trois pièces célèbres où vivait Madame de Sévigné. Mes flâneries sont folles : j'erre dans la curieuse rue Cardinale à Saint Germain-des-Prés, dans la silencieuse rue de Furstenberg et le long des veilles rues estudiantines. Les Carmélites de la rue Saint-Jacques, le couvent des Feuillantines où l'on enfermait librement de temps an temps des femmes infidèles, l'infernale cour des miracles. La vieux Café Procope, ancien foyer de vie et de nouvelles, rendez-vous du temps passé des gens qui furent et ne sont plus et enfin le cimetière du Père Lachaise! Aux Halles, "ventre de Paris" je m'arrêtais au "Chien qui fume" à quatre au cinque heures du matin ; escargots, pieds de porc, soupe à l'oignon anéantissaient mes amours échauffés. Depuis cinquante ans je reviens en pensées dans cette ville de fête et je ressens en moi sa joie perdue mais jamais oubliée, même si de soudains amours ont ouvert mon âme à l'univers. Bonjour mon vieux Paris !
- UNE DROLE DE FENETRE
Ma fenêtre, grande et vide en bois noirci par le temps, s'ouvre, avec ses vitres clairs, sur la Via Veneto. En bas, des autos par centaines, et quelques carrosses romains, une foule multicolore, qui passe, qui se promène et qui vit tout doucement, gaiement, parmi le bruit, les voix, les sons. Toute ce monde-là que je ne vois guère, je le sens dans l'air, je le sens tout en moi. Si je reste assis à lire dans le calme de mon fauteuil je ne vois que palais somptueux et croulants, rouge pâle ou rose antique, toits plats, terrasses, balcons, les longues tiges de fer des antennes de télévision qui au bout de chaque maison forment au curieux cimetière de croix noires et impossibles. Si je veux sentir et vivre la pulsation de la vie le cri cérébral de ces gens qui discutent d'amours ou d'affaires indifféremment, indéfiniment, qui courent, qui flânent dans ce doux soleil, je me penche alors sur cette rue que j'aime. Ma fenêtre grande et vide se remplit comme un tableau de maître, je deviens en un mot un spectateur incommode et silencieux de la vie moderne. Je reste des heures à regarder les gens pour me remplir de vie extérieure, de héros méconnus, insignifiants. Dans cette rue étrange et chaude un jour lointain j'ai ramassé une fleur bleue. Enfin voici la nuit les mêmes gens circulent avec leur longues chevelures, leur blue-jeans sales effilochés quelques uns même sans chaussures, Tout font une drôle de tête. Certes, j'ai vu aussi des imbéciles heureux, des reines, des seigneurs tout de noir habillés, j'ai aussi ramassé dans cette jolie rue papiers, foulards, lunettes, un chapeau de cow-boy et même une culotte et je ne sais plus quoi. Parfois j'ai même eu peur et dû chercher abri à l'intérieur de ma fenêtre et de là-haut j'ai pu continuer à vivre à regarder, à écouter et même à imaginer le sort de tous ces gens qui ont la curiosité ou la chance de vivre l'aventure de cette cynique via Veneto. Une autre fois j'ai rencontré une dame du temps passé, à l'aube d'un matin d'été bavardant avec des hippies, j'ai entrevu un roi qui cherchait sa couronne; il l'avait égarée. Un triste jour de dimanche j'ai croisé ici une danseuse noire et un joli chinois, des politiciens, des ministres, des artistes et des viveurs qui buvaient et des buveurs qui vivaient, des maquereaux, des hommes sages et des idéalistes qui chantaient en vers. Dans cette rue, tous ces gens là entremêlés, l'hiver, l'été, le jour, le soir je les ai rencontrés, côtoyés au cours de ces années passées à Rome.
- C'ETAIT UNE FEMME
Ce joli être qui vient le soir et qui un jour s'en ira pourtant, est comme une bouffée de vent qui me remplit l'esprit. Cette fabuleuse créature venant de terre voisines a brisé le calme de mon désespoir pour devenir curiosité de vie. C'est une véritable Dame fine et rusée, je vous le jure, un mélange de bien et de mal : yeux bistrés, lèvres passionnantes de femme qui sait parfaitement. Elle aime me sourire malicieusement en me regardant de biais. Si sa parole s'arrête soudaine pour un geste d'amour inattendu, alors'je me surprends à rougir. Mais si sa main parfois m'effleure, bouleversant presque mon âme, je la regarde dans les yeux pour la remercier de la grâce qu'elle me fait. C'était une femme comme jamais qui vit avec arrogance et morgue; c'est sur le fil de la raison la façon de se moquer de soi-même et de son prochain. Avec ses lettres et ses sciences elle désarme tous par ses yeux verts, intensément voyants. Son corps hardi est près de moi; moi seul, sans défense et ému. C'était un femme d'autrefois qui aime bouleverser le soir par son intelligence et par sa nature belle, rusée et même cruelle, moitié catin, moitié vertu.
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Agg. 11-12-2002